mardi 7 juillet 2009
SES ORIGINES...
Son véritable nom était Omar. En Orient l'usage voulait que chaque poète se donne un surnom. Il a donc conservé celui qui indiquait la profession de son père et la sienne ; celle des "faiseurs de tentes" KHAYAM.
Il est né dans un village situé près de Néchapour, dans le Kharaçan, et vint compléter ses études, vers l'an 1042 de l'ère chrétienne, dans le célèbre mèdrèssèh (établissement d'éducation) de cette ville.
KHAYAM, d'une nature douce, était plutôt porté à la contemplation des choses divines qu'aux jouissances de la vie mondaine. Ce penchant et le genre d'étude qu'il cultiva en firent un poète mystique, un philosophe à la fois sceptique et fataliste, un soufi en un mot comme la plus part des poètes orientaux.
A l'âge mur, KHAYAM, étranger à toutes guerres, vivait tranquillement dans son village natal, se livrant avec passion à l'étude de la philosophie. Il était en outre astronome et grand algébriste.
Entouré de nombreux amis, il cherchait avec eux dans le vin cette contemplation extatique que d'autres croyaient trouver dans des cris et des hurlements poussés jusqu'à extinction de voix, comme les derviches hurleurs.
Pendant une de ces soirées survint à l'improviste un coup de vent qui éteignit les chandelles et renversa la cruche de vin. La cruche fut brisée et le vin répandu. Aussitôt KHAYAM, irrité, improvisa ce quatrain impie à l'adresse du Tout Puissant :
"Tu as brisé ma cruche de vin, mon Dieu ! tu as ainsi fermé sur moi la porte de la joie, mon Dieu ! c'est moi qui bois, et c'est toi qui commets les désordres de l'ivresse ! Oh ! puisse ma bouche se remplir de terre ! serais-tu ivre, mon Dieu ?"
Après avoir prononcé ce blasphème, le poète, jetant les yeux sur une glace, se serait aperçu que son visage était noir comme du charbon. C'était la punition du ciel. Alors il fit cet autre quatrain non moins audacieux que le premier, et qui exprime d'une manière absolue la répulsion du poète pour la doctrine des peines futures, décrites dans le Coran et prêchées si chaleureusement par les mollahs :
"Quel est l'homme ici-bas qui n'a point commis de péché, dis ? Celui qui n'en aurait point commis, comment aurai-il vécu, dis ? Si parce que je fais le mal, tu me punis par le mal, quelle est donc la différence qui existe entre toi et moi, dis ?"
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lundi 6 juillet 2009
LA PERIODE MONGOLE
Autre expression du génie artistique iranien, c'est la miniature. Au début du 13e siècle, l'art de la miniature a retenu l'attention des artistes iraniens. Les Iraniens qui avaient appris cet art des Chinois ont fait beaucoup de progrès dans cette branche et ont inventé de nouvelles méthodes. C'est à l'époque mongole (13e siècle) que la miniature brilla de tout son éclat. Après les Mongols l'âge d'or de la miniature refleurit à l'époque des Timuride (1405-1517) et connut un nouvel essor à l'époque des Safavide (1501-1722).
Les conquêtes mongoles de Gengis Khan et de ses successeurs, parties de l' Asie centrale vers 1215, s'étendirent jusqu'au pillage de Bagdad et à la mort du dernier calife abbasside en 1258. La dynastie des Il-Khâns, fondée par le conquérant Hûlâgû, adopta rapidement la culture et la religion de ses sujets et gouverna la Perse et l' Irak pendant une centaine d'années en s'affaiblissant au début du XIVe siècle. C'est sous le règne d'Abû Sa' îd que le peintre Ahmad Mûsâ "dévoila la peinture" et inaugura le style persan classique qui devait se prolonger et s' épanouir quatre siècles durant.
Shams al-Dîn, l'un de ses élèves, illustra, un manuscrit du Shâhruîma, sous le règne du Sultan Uways (1356-1374). Les éléments chinois transmis par les Mongols à la peinture persane furent plus ou moins assimilés, les couleurs sont fortes, bien que sombres si on les compare à celles de manuscrits postérieurs, et la composition est vigoureuse.
A cette même époque, des dynasties locales se libéraient de la domination des Il-Khâns et établissaient leurs cours en province. C'est sous l'une d'elles, celle des Injû à Shiraz, que s'élabora un genre particulier, naïf et primitif, où les éléments d' Extrême-Orient se combinaient à un style fondamentalement local qui procédait probablement de la peinture murale pré-islamique. Ce style disparut avec la chute des Injû, éclipsés par les Muzzffarides.
Les miniatures ont pour thèmes de prédilection les couples d'amoureux en tenue traditionnelle, les jeux de polo, les scènes de chasse et les monuments historiques. Le souci du détail et la complexité picturale des miniatures leur valent une reconnaissance mondiale. Elles peuvent être peintes sur de l'ivoire, de l'os ou du papier. Aujourd'hui, l'ivoire n'existe plus et on ne se sert que d'os de chameau, de boeuf ou de papier. Isfahan propose actuellement les plus belles miniatures du pays.
Les plus anciennes miniatures d'Iran, appartenant à l'école de Chiraz, sont celles qui figurent dans le musée de Reza Abbassi à Téhéran. Il expose de superbes exemplaires de miniatures anciennes et contemporaines. Il s'agit en majorité d'ouvrages de poésie dans lesquels les pages historiées voisinent avec le texte. Parmi les célèbres maîtres miniaturistes du pays, citons Reza Abbassi (17e siècle), Hossein Behzad et Mahmoud Farchtchian (20e siècle) dont les oeuvres sont exposées pour la plupart dans le musée de Reza Abbassi et le musée de Behzad. Il est à signaler que les miniatures sur l'os sont plus résistantes car l'os n'absorbe pas d'humidité.
dimanche 5 juillet 2009
LA PERIODE TIMURIDE
Cette période correspond plus ou moins au XVème siècle et tire son nom du grand conquérant TAMERLAN fr.wikipedia.org/wiki/Tamerlan qui, de 1365 à sa mort en 1405, dévasta le Proche Orient, et dont les descendants s'établirent dans différentes parties de la Perse.
Avant l'arrivée de TIMUR, le style classique introduit par Ahmâd Mûsâ avait atteint le plus haut degré de son raffinement sous le Jalairide Sultân Ahmad de Bagdad.
Après la chute d'Iskandar, le style classique se trouva maintenu à Herat sous le patronage de Bâysunghur Mîrzâ ; son frère Ibrahîm Sutân favorisait un genre plus libre et moins sophistiqué, pratiqué à Shiraz et à Yazd.
Vers le milieu du siècle, les tribus turkmènes des Moutons Blancs et des Moutons Noirs (wapedia.mobi/fr/Kara_Koyunlu)
pénétrèrent par l'ouest et, vers 1460, elles avaient expulsé les Timurides de tout le territoire Persan, à l'exception du Khorossan et des provinces de la Caspienne. Le style en usage dans les cours turkmènes ayant d' abord été un mélange d'éléments timurides de Herat et de Shiraz, il arrive que les deux types se rencontrent dans un même manuscrit en plus d'un certain nombre de styles locaux, difficilement identifiables aujourd'hui..
Un autre genre, ample et simple, apparut au troisième quart du siècle, concentré à Shiraz et, si l'on considère son caractère stéréotype et ses nombreuses manifestations dans les manuscrits entre 1475 et 1505 (plus d'une centaine) ,il mérite pertinemment l'épithète de "commercial" appliquée aux manuscrits destinés au commerce non seulement en Iran mais aussi très probablement en Turquie et en lnde.
La domination turkmène et les derniers vestiges de l'empire timuride dans le Khorassan furent balayés au début du XVI ème siècle par ISMA'ÎL fr.wikipedia.org/wiki/Ismail_Ier)
le fondateur de la dynastie safavide qui, pour la première fois depuis huit cent cinquante ans réunifia la Perse sous l'autorité d'un seul prince.
samedi 4 juillet 2009
LA PERIODE SAFAVIDE
Epoque safavide 17ème siècle
SHÂH ISMA'ÎL (fr.wikipedia.org/wiki/Ismail_Ier) recrutait ses artistes à la fois à Herat et à Tarbiz, ce qui explique le double courant de la peinture safavide à ses débuts : la minutieuse recherche de la perfection académique chez Bishâd à Herat, et le genre plus libre et plus original hérité des Turkmènes à Tabriz.
Pendant ce temps, à Shiraz, qui semble avoir été le centre du style turkmène "commercial", la première particularité manifeste est l'apparition du turban safavide, avec son long bâton central. Mais les artistes de Shiraz en vinrent à adapter leur style à celui de la capitale, conservant toutefois certaines façons provinciales et plus stéréotypées et poursuivant leur production d' œuvres commerciales.
En 1548, la capitale fut déplacée à Qazwin etten 1576, à la mort de Shâh Tahmâsp, sa peinture était devenue plus équilibrée et plus gracieuse, accentuant fortement les lignes sinueuses. Les dessins hors-texte et les miniatures, pour la plupart des sujets à un seul personnage, connaissaient une vogue croissante, reflétant par là l'affaiblissement de la protection royale et la nécessité où se trouvaient les peintres de travailler pour des clients plus modestes, qui n'avaient guère les moyens de commander un manuscrit entièrement illustré. En 1598, un nouveau déplacement de la capitale à Isfahan coïncida avec la réputation grandissante du peintre Rizâ.
Avec lui, le trait du style de Qazwin devient audacieusement calligraphique, les poses de ses personnages sont plus indolentes qu'élégantes et, vers 1625, les couleurs pures d'autrefois font place à une prédominance de bruns, de violets et de jaunes. Sa manière fut imitée par plusieurs de ses successeurs, notamment Mohammad Yûsuf et Mu' în, et le meilleur de leurs œuvres est formé de miniatures à un seul personnage et de dessins. A la fin du siècle, la peinture persane traditionnelle se trouva submergée par les conventions et les innovations stylistiques européennes qui s'étaient graduellement implantées pendant près d'une génération.
L'exposition du Louvre, le Chant du monde, l'art de l'Iran safavide, 1505-1736, vise à lever l'illusion d'un art de l'Iran voué au décor : "Tous les détails en sont, bien au contraire, chargés de sens, dont la littérature persane donne la clé. Le passé pré-islamique est partout présent dans cette culture, vieille de quatre millénaires. Dans la peinture de manuscrit, les personnages de l’antiquité iranienne comme ceux de l’Ancien Testament sont représentés en personnages de l’époque islamique. Le passé devient ainsi la métaphore du présent, comme le démontre la titulature des souverains volontiers qualifiés par leurs panégyristes de « Second Rostam » ou de « Second Alexandre » indique le texte introductif. Soit. Mais ce ne sont pas les panneaux explicatifs ou les cartels d'une désarmante platitude qui vous aideront à comprendre ce fourmillement de références. Reste l'éblouissement béat ou alors le "doigt mordu de stupeur" selon une figure répandue des miniatures persanes.
jeudi 2 juillet 2009
Miniatures
"Darius mourant dans les bras d'Alexandre, alors que ses deux assassins sont pendus. Extrait du Livre des Augures. 1550-60"
144
Hélas ! mon cœur n'a pu trouver aucun remède à ses douleurs ; mon âme est arrivée au bord de mes lèvres sans avoir atteint l'objet de mon amour. Hélas! ma vie s'est passée dans l'ignorance, et l'énigme de cet amour n'a point été expliquée.
145
Dans les régions de l' âme, il faut marcher avec discernement;
sur les choses de ce monde il faut être silencieux.
Tant que nous aurons nos yeux, notre langue, nos oreilles,
nous devons être sans yeux, sans langue, sans oreilles.
146
En ce monde, celui qui possède la moitié d'un pain et
qui peut abriter son individu dans un nid quelconque, celui
qui n'est ni le maître, ni le serviteur de personne, dis-lui de
vivre content, car il possède une bien douce existence.
147
On ne doit pas planter dans son cœur l'arbre de la tristesse.
On doit, au contraire, feuilleter toujours le livre de l'allégresse.
0n doit boire du vin, on doit suivre le penchant de son cœur,
car, vois, la longueur du temps que tu as à rester dans ce
monde est prompte à mesurer.
148 Ton empire a-t-il gagné en splendeur par mon obéissance,
ô Dieu, et mes pèches ont-ils retranché quelque chose de ton
immensité ? Pardonne, Dieu, ne punis pas, car, je le sais,
tu punis et tu pardonnes tôt.
149 Il serait fâcheux que ma main, habituée à saisir la coupe,
prît le dèftèr et s'appuyât sur le mèmbèr. Toi, c'est différent,
tu es un dévot sec, tandis que moi, je suis un dépravé humecté
par la boisson et je ne sache pas que le feu puisse enflammer le liquide.
150 Sur la terre, personne n'a étreint dans ses bras une charmante
aux joues colorées du teint de la rose sans que le temps ne soit
venu d'abord lui planter quelque épine dans le cœur. Vois plutôt
le peigne : il n'a pu parvenir à caresser la chevelure parfumée de
la beauté qu'après avoir été découpé en une foule de dents.
151 Puissé-je avoir constamment dans ma main du jus de la
vigne ! Puisse mon amour pour ces belles idoles, semblables
aux houris, ne jamais tarir dans mon cœur ! On me dit :
Dieu t'ordonnera d' y renoncer ; oh ! me donnât-il un ordre
pareil, je n' obéirais pas. Loin de moi cette pensée !
Miniatures
15 ème siècle
69 Ce palais où Bèhram aimait à prendre la coupe dans sa main est maintenant transformé en une plaine déserte, où la gazelle met bas, où le lion se repose. Vois ce Bèhram qui, au moyen d'un lacet, prenait les ânes sauvages, vois comme la tombe à son tour a pris ce même Bèhram !
70 Les nuages se répandent dans le ciel et recommencent à pleurer sur le gazon. Oh ! il n'est plus possible de vivre un instant sans vin couleur d'amarante. Cette verdure réjouit aujourd'hui notre vue, mais celle qui germera de notre poussière, la vue de qui réjouira-t-elle ?
71 En ce jour d'aujourd'hui que l'on nomme "adinè" (vendredi), laisse là la coupe, trop petite, et bois du vin dans un bol. Si les autres jours tu n'en buvais qu'un bol, aujourd'hui bois-en deux, car c'est le grand jour par excellence.
72 Ô mon cœur! puisque ce monde t'attriste, puisque ton âme si pure doit se séparer de ton corps, va t'asseoir sur la verdure des champs et réjouis-toi pendant quelques jours, avant que d'autres verdures jaillissent de ta propre poussière.
73 Ce vin qui, par son essence, est susceptible d'apparaître sous une foule de formes, qui se manifeste tantôt sous la forme d'un animal, tantôt sous celle d'une plante, ne va pas croire pour cela qu'il puisse ne plus être et que son essence puisse être anéantie ; car c'est par elle qu'il est, bien que les formes disparaissent.
74 Du feu de mes crimes je ne vois point surgir de fumée; de personne je ne puis attendre un sort meilleur." Cette main que l' injustice des hommes me fait porter sur ma tête, quand je la porte sur le pan de la robe d'un d'entre eux, je n'en obtiens aucun soulagement.
75 La personne sur qui tu t'appuies avec le plus de sûreté, si tu ouvres les yeux de l'intelligence, tu verras en elle ton ennemi. Il vaut mieux, par le temps qui court, rechercher peu les amis. La conversation des hommes d'aujourd'hui n'est bonne que de loin.
mercredi 1 juillet 2009
Quelques autres Poètes ....
NIZAMI - 1141 - 1209
- On me pousse à me séparer de l'amour
- On me dit "débarrasse toi de l’amour"
- Seigneur! Je te jure devant ta Divinité,
- Et encore devant ta Déité
- Relève-moi jusqu’au bout de l'amour,
- Que ne finisse pas ce grand amour,
- Abreuve mon âme à la source de l’amour
- Ne me prive pas du kohol de l’amour
- Je suis aviné par le vin de l’amour
- Assoiffe-moi pour du vin de l’amour
- (De Leily o Majnoun)
HAFEZ - 1310 - 1337
De son vrai nom Khwajeh Chams ad-Din Mohammad Hafez-e Chirazi. Il est surtout connu pour ses poèmes lyriques, les ghazals, qui évoquent des thèmes mystiques du soufisme en mettant en scène les plaisirs de la vie.
Les poèmes de Hafez sont toujours parmi les plus populaires poèmes persans. Ils sont fréquemment utilisés dans la musique traditionnelle iranienne, comme dans les œuvres de Mohammad Reza Shadjarian. Le Divan de Hafez est utilisé comme aide à la divination populaire. Les Iraniens posent une question concernant leur futur à Hafez, puis ouvrent son Divan au hasard, le poème étant sur la page ouverte peut alors être interprété pour connaître la réponse à sa question. De jeunes adultes se sont tournés vers les œuvres de Hafez, particulièrement après qu'un groupe de rock appelé O-Hum se fut consacré à n'utiliser que des paroles de Hafez. Sa poésie est aussi une des sources d'inspiration du peintre iranien Mahmoud Farshchian.
FARID al-DIN ATTAR 1142 - 1220
Né à Nichapour dans le Khorassan, où se trouve son tombeau. Il quitta un commerce lucratif pour embrasser la doctrine des soufis, se fit derviche, et se livra au mysticisme. Il fut tué par les Mongols qui avaient envahi son pays.
Attar a écrit plusieurs poèmes moraux et mystiques, dont les plus célèbres sont :
- le Pend-namèh, ou le Livre des conseils,
- le Manṭiq al-ṭayr ou La conférence des oiseaux, poème de philosophie religieuse