
Son véritable nom était Omar. En Orient l'usage voulait que chaque poète se donne un surnom. Il a donc conservé celui qui indiquait la profession de son père et la sienne ; celle des "faiseurs de tentes" KHAYAM.
Il est né dans un village situé près de Néchapour, dans le Kharaçan, et vint compléter ses études, vers l'an 1042 de l'ère chrétienne, dans le célèbre mèdrèssèh (établissement d'éducation) de cette ville.
KHAYAM, d'une nature douce, était plutôt porté à la contemplation des choses divines qu'aux jouissances de la vie mondaine. Ce penchant et le genre d'étude qu'il cultiva en firent un poète mystique, un philosophe à la fois sceptique et fataliste, un soufi en un mot comme la plus part des poètes orientaux.
A l'âge mur, KHAYAM, étranger à toutes guerres, vivait tranquillement dans son village natal, se livrant avec passion à l'étude de la philosophie. Il était en outre astronome et grand algébriste.
Entouré de nombreux amis, il cherchait avec eux dans le vin cette contemplation extatique que d'autres croyaient trouver dans des cris et des hurlements poussés jusqu'à extinction de voix, comme les derviches hurleurs.
Pendant une de ces soirées survint à l'improviste un coup de vent qui éteignit les chandelles et renversa la cruche de vin. La cruche fut brisée et le vin répandu. Aussitôt KHAYAM, irrité, improvisa ce quatrain impie à l'adresse du Tout Puissant :
"Tu as brisé ma cruche de vin, mon Dieu ! tu as ainsi fermé sur moi la porte de la joie, mon Dieu ! c'est moi qui bois, et c'est toi qui commets les désordres de l'ivresse ! Oh ! puisse ma bouche se remplir de terre ! serais-tu ivre, mon Dieu ?"
Après avoir prononcé ce blasphème, le poète, jetant les yeux sur une glace, se serait aperçu que son visage était noir comme du charbon. C'était la punition du ciel. Alors il fit cet autre quatrain non moins audacieux que le premier, et qui exprime d'une manière absolue la répulsion du poète pour la doctrine des peines futures, décrites dans le Coran et prêchées si chaleureusement par les mollahs :
"Quel est l'homme ici-bas qui n'a point commis de péché, dis ? Celui qui n'en aurait point commis, comment aurai-il vécu, dis ? Si parce que je fais le mal, tu me punis par le mal, quelle est donc la différence qui existe entre toi et moi, dis ?"
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